« Un voyage de mille lieues commence par un pas » Lao Tzu
En termes de souvenirs, nous vivons un voyage dans le monde nautique qui marquera nos mémoires.
Un voyage parfois, ce n’est pas grand-chose, une brochure que l’on feuillette pour trouver la destination idéale, pour vivre un rêve, une longue aventure. Un voyage pour voir de quoi le monde est fait, pour voir le sourire d’inconnus au coin d’une avenue, découvrir des lieux, des sites, un passé, un présent, un avenir. Un voyage c’est souvent ça, de simples regards, des mouvements de lèvres, de la vie tout simplement.
Pour nous ce fut le désir de partir en mer pour rêver sous les étoiles, connaitre un morceau de la terre et rêver de tout l’univers. Nous avons choisi une croisière, qui représente à notre goût des vacances idéales pour explorer le monde et se distraire, avec un confort exceptionnel d’hébergement, un monde de découvertes tant sur terre que sur mer. Le choix de notre croisière fut le TDM, un voyage au long cours, pour voir des terres et des cultures fascinantes, des lieux magiques à visiter. Un aller qui part avec son retour vers notre lieu de vie.
Pour Pierre naviguer était un choix important. Lui, qui avec son petit bateau, a beaucoup navigué en rivière et canaux, vivre l’expérience de la mer était une expérience qu'il désirait. Rien d’étonnant à ce que mon homme soit fasciné par cet univers houleux et mystérieux, confidentiellement il passe du temps à regarder l'horizon, la mer et les nuages. De la rêverie qui l'amène plus tard à écrire son ressenti.
Tout à bien commencé depuis notre départ du 6 janvier et nos péripéties contées sur le blog en témoigne. Mais l’imprévu est arrivé avec un tout petit virus. On a souvent peur de ce qui est imposant, mais aujourd’hui un méchant virus microscopique démantibule le monde et modifie tous les projets des humains.
Comme vous le savez, notre voyage TDM fut annulé à Sydney et nous ne faisons plus d’escales mais gardons notre bonne humeur et acceptons la situation. Quand on ne peut rien faire contre l'événement faisons en sorte que ce dernier ne nous pertube pas trop.
Nous sommes les Robinsons qui n’auraient jamais cru Zoé (zone officielle d’éviction) en Australie.
Notre navire poursuit sa route sur le pli de vagues, sur une mer peu agitée qui parle avec le soleil, l’aventure continue au gré des courants, on échange, on témoigne, on partage et on s’amuse ! Nous avons la chance d’avoir des amis et nous pouvons serrer des mains. Le personnel de MSC offre des distractions, des spectacles majestueux et nous sommes reconnaissants. L'ambiance à bord est sereine et les passagers apprécient.
Depuis une semaine le Magnifica fend les vagues lentement, nous sommes confinés en Australie. À l’ancrage de Fremantle le port, point d’accès à la mer de la ville de Perth. Au préalable, nous devions juste faire une escale technique le 24 mars, pour prendre le carburant nécessaire pour aller vers Dubaï, mais le maudit virus s’est installé à travers le monde et les Émirats ont refusé l’accès aux croisiéristes.
Le 24 mars, lorsque nous sommes arrivés à quai, avec toujours l’interdiction sanitaire de descendre, nous avons constaté, sur le quai quasi désert, la présence de policiers attentifs à ce qu'aucun passager ne sorte du bateau. Sur le parking une personne brandissait une pancarte, non pas pour nous souhaiter la bienvenue, mais avec seulement ces deux mots « No Ship ». La télévision australienne filmait en continu le Magnifica. Aucune activité sur le port qui offrait la vue d’un parking immense où des centaines de voitures étaient immobilisées. Drôle d’ambiance.
Il faisait très beau, pour pouvoir profiter du soleil des transats étaient prêts à accueillir nos séants. Malheureusement, mon transat mal positionné s’est refermé sur moi. Je fus prise en sandwich, situation peu appréciable qui lorsque je suis sortie de cet emprisonnement, grâce à l’action de passagers compatissants, m’a procuré moult douleurs aux cervicales et au dos à hauteur des omoplates. À ce jour, les douleurs persistent sur l’omoplate droite. Flector essaye de m’aider, mais le résultat pour calmer la douleur est assez long mais cela ne m'empêche nullement de participer à des démonstrations de danse.
Étant dans l’impossibilité d’accoster à Dubaï nous restons dans la baie de Fremantle et continuons à faire des contours dans l’eau, plutôt des trapèzes pour éviter les eaux territoriales. Nous avons voulu voir l’Australie…nous voyons ses côtes depuis cinq jours. Le soir du 27 mars nous avons entendu une bonne nouvelle de la passerelle. Le Magnifica va prendre la direction de la Méditerranée. Nous restons à l’ancre, à bonne distance du rivage, pour procéder au chargement de ravitaillement afin d’avoir de l’autonomie pour rejoindre la Méditerranée. La navigation va prendre entre deux et trois semaines. Les informations données par la passerelle sont bien comprises et acceptées par quasiment tous les passagers (il y a toujours quelques individus contestataires et qui ont de meilleures idées que le commandant). Pierre me conseille de n’écouter que les informations données par ce dernier, les paroles émises par autrui n’étant que des suppositions.
Depuis notre arrêt dans la baie, nous prenons l’air sur les ponts tout en regardant les facéties de dauphins qui évoluent autour du bateau et des barges de chargement. Nous sommes bien à l’abri sur le Magnifica, seul hôtel flottant où nous avons la convivialité qui a disparu en France vu les actualités qui nous parviennent et les communications téléphoniques avec nos proches.
Cette pandémie qui perturbe notre TDM apportera une collection de souvenirs à vos amis navigateurs qui ne sont nullement perdus sur leur Arche de Noé.
Annie, le 29 mars, à l’ancre de Fremantle