RABAUL – KIRWINA -PAPAOUASIE – 3- 6 et 7-2023
Nous arrivons le 6 au petit matin dans la jolie baie de Kirwina.
Au loin, je devine deux jolies plages de sable blanc, des forêts vierges, un lagon intact et une foule impatiente de nous recevoir.
Le Poesia s’est ancré dans la baie en raison de l’absence de port, nous devons accoster sur l’ile en chaloupe, nous récupérons nos billets d’embarquement sur la chaloupe numéro 6 et sommes contents d’être en début de position de sortie.
Mais… nous allons avoir une mauvaise surprise avec l’annonce du commandant nous informant qu’en raison de la mer agitée la descente et l’accostage en chaloupe s’avèrent dangereux, par voie de conséquence l’escale est annulée.
Tous les passagers sont catastrophés, voir furieux contre le commandant invoquant notre escale de 2020 à l’ile de Pâques beaucoup plus perturbante, mais un Pacha est seul maitre à bord et sagesse oblige le bateau quitte son ancrage et nous repartons vers Rabaul.
Nous ne pouvons qu’accepter cette décision de sécurité tout en nous sentant pénalisés, car selon nos renseignements l’ile est fort belle et à un caractère particulier dans l’organisation des liens sociaux et dans sa conception de la sexualité. C’est une société matriarcale qui fonctionne par forme de dons, ce qui cache une grande complexité et subtilité dans les rapports humains.
Si nous sommes déçus, nous pensons également aux habitants installés tout le long de la plage pour nous accueillir. Un paquebot de croisière est une manne financière importante pour ces autochtones qui n’ont pas vu de touristes depuis trois ans en raison du covid. Il n’y a pratiquement pas d’activité économique, la vie se déroule dans un grand respect des coutumes ancestrales faites de pêche et de culture, un arrivage de touristes est une belle panacée.
Sur le pont nous regardons l’ile s’éloigner puis nous retournons dans notre cabine pour retourner à nos occupations avant d’entamer la soirée.
Vers minuit, nous sommes réveillés par deux fortes vibrations qui me font penser à un heurt sur un récif ou un container. Une annonce immédiate du commandant nous informe d’un séisme sous-marin dans la mer de Bismarck d’une magnitude de 6, le bateau n’ayant subi aucun dommage, nous poursuivons notre navigation. Nous apprendrons plus tard que certains passagers apeurés sont restés sur le pont 13 à côté des chaloupes, quant à nous, nous poursuivons tranquillement notre nuit.
7 mars escale à Rabaul
L’archipel Bismarck est un groupe d’iles au large de la Nouvelle-Guinée dans le sud-ouest de l’océan Pacifique, nommé en l’honneur du chancelier allemand Otto Von Bismarck et appartenant à la Papouasie Nouvelle-Guinée.
Rabaul fait partie de cet archipel, c’est une ile volcanique située sur l’ile de la Nouvelle-Bretagne et constituée d’une caldeira semi-ouverte sur la mer. Cette caldeira forme un port naturel qui abrite Rabaul ville abandonnée et détruite à la suite de l’éruption volcanique de 1994. Elle fut la capitale de la partie orientale de l’ile. Elle est située à l’ouest de l’océan Pacifique dans la mer de Salomon.
Le premier Européen à mentionner ces iles fut l’explorateur hollandais Willem Schouten en 1616. Charles Bonaventure Marie du Breil de Rays lança un projet de colonisation baptisé Colonie libre de nouvelle France en 1877 et 1882. Le projet échoua et en 1884 les iles devinrent un territoire du protectorat de la Nouvelle-Guinée allemande. L’ile comprend deux provinces. Depuis l’indépendance de la Papouasie, des nationalistes papous demandent le changement des lieux qui renvoient à la colonisation européenne.
Grâce à notre amie Isabelle, qui a contacté un opérateur tours depuis le bateau, nous sommes plusieurs croisiéristes de notre groupe « TDM 2020 » à partir en excursion. Dix membres, amis, s’installent dans un mini bu avec chauffeur et accompagnatrice pour visiter Rabaul. Isabelle a vu s’inscrire 104 personnes à sa proposition et c’est douze cars plus un taxi qui se suivent pour cette excursion.
Les habitants sont d’une hospitalité incroyable, mais assez timide et pas forcément accessible au premier abord. Tous vivent de l’agriculture, de la pêche et des minerais. Le tourisme commence à se développer notamment avec les bateaux de croisière qui viennent en majorité de l’Australie.
La religion chrétienne est bien présente, nous voyons depuis notre bus deux églises et nous en avons confirmation par la guide.
La culture des habitants de ce pays qui parait si différente de l’Européenne n’est pas si éloignée, malgré toutes les informations négatives que nous avons entendues à bord et c’est avec une grande gentillesse que chauffeur et guide conversent avec nous l’anglais étant la langue officielle. Le contact se fait facilement bien que leur langue soit le "pidgin", un dérivé d’Anglais, la Papouasie concentre le plus grand nombre de langues parlées dans le monde avec plus de 750 dialectes. Nous apprenons que l’école est obligatoire et Pierre a pu se rendre compte que les petits, dès cinq ans, parlaient parfaitement la langue de Shakespeare.
Le mode de vie est simple, proche de la nature, pêche et agriculture, plus de 80% des habitants habitent dans des villages qui sont transmis de génération en génération.
Nous passons la matinée à visiter des villages où les habitants se réunissent pour nous accueillir proposant leurs trésors qui varient entre le tissu, des robes, des bijoux en coquillages, poteries, sculptures de bois en espérant tenter les touristes que nous sommes.
Nous nous rendons vers les grottes de camouflage des Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale. Rabaul fut envahie de janvier à février 1942 par les Japonais, l’ile était sous mandat australien. Cette invasion constitue une défaite stratégique des alliés dans la guerre du Pacifique, les Japonais établissant sur l’ile leur plus grosse base militaire et logistique de la Nouvelle-Guinée jusqu’à leur reddition en 1945, date à laquelle commença le chemin vers l’indépendance sous la supervision et protection de l’Australie.
Visite du mémorial japonais puis direction de la ville de Kokopo qui est devenue la capitale après l’éruption volcanique qui détruit Rabaul.
Nous restons admiratifs devant la superbe halle en bois ou un important marché s’est installé. Moments de quelques emplettes pour notre petite troupe, direction le musée qui malheureusement est fermé et retour vers Rabaul pour un déjeuner très frugal au Yacht Club de la ville avant de repartir vers le volcan « le mont Tuvurur « volcan encore en activité qui a détruit la ville en 1994.
Nous descendons en bord de mer au pied du volcan avec ses sources chaudes, impossible de toucher l’eau qui est bouillante. Nous avons un point de vue sur la chaine volcanique. Cinq volcans sont actifs et seize sont éteints ou dormants. La cendre noire s’amoncelle sur les bas-côtés, c’est une atmosphère de désolation qui frappe. Il faut un véritable effort pour imaginer qu’une ville s’étendait autrefois dans ce champ de cendres dont on ne discerne plus les anciennes rues. Paysage lunaire à l’atmosphère très forte.
Bien évidemment nous retrouvons, sous une très grosse chaleur, plusieurs tentes de marchands et des cars de touristes avant de repartir vers le haut de Rabaul sur la plateforme panoramique d’où l’on aperçoit la baie et le Poesia. C’est un décor magnifique.
Direction le terminal où nous regagnons notre cabine pour une bonne douche et un temps de repos avant d’entendre la manœuvre de départ et la musique de « Con te Partiro » que joue le Poesia lorsqu’il quitte un port.
Annie